Lucien Ntamag : « Le projet Ecam est mature »

Au sortir de l’Assemblée générale tenue le 26 mai dernier, le Dg de cette organisation patronale fait le point.

Lucien Ntamag

440 adhérents et environ 500 entreprises dans son portefeuille. Peut-on dire qu’Ecam a atteint l’âge de la maturité?

Je dois dire que si l’on s’en tient d’une part à la jeunesse du mouvement, on peut en effet se gausser de ce nombre d’adhérents et de sympathisants, mais l’existence et l’importance d’un mouvement comme le nôtre ne peut réellement se mesurer qu’à l’aune de sa masse critique de services et d’accompagnements apportés à la Pme/Tpe, également à la maturité de ses adhérents et de ses sympathisants, quant à l’idée qu’ils se font de la corrélation entre leur contribution « tous azimuts » et la bonne marche du mouvement, or sur ce plan là, force est de reconnaître que nous avons encore du chemin.

D’autre part, cette maturité est également tributaire de la perception que se font les pouvoirs publics de l’importance et de la nécessité du dialogue social, via les organisations patronales dans le pays, or sur ce plan là, si nous observons des progrès palpables, l’essentiel reste à faire. Au regard des ses éléments interdépendants, nous pouvons donc affirmer que si “le Projet-Ecam” est mature, le mouvement aborde un tournant décisif, celui du développement.

Les Pme camerounaises font face à des problèmes de financements. Que propose Ecam pour y remédier?

Le problème du financement de la Pme va bien au-delà du plaidoyer permanent que fait Ecam dans le dialogue public-privé, bien au-delà, des solutions d’accompagnements en organisation et à la gestion que propose Ecam au quotidien à travers ses compétences internes, animés à travers les communautés thématiques par les experts du Groupe-Cible, des Cabinet Elesys, Cirie Conseil, etc. Bien au-delà des partenariats réalisés par Ecam avec des organismes de référence, tels que le Confédération générale des Pme de France (Cgpme) pour l’accompagnement des Pme/Tpe camerounaises, notamment dans la recherche de financements, bien au-delà des « groupes de travail » Ecam-Afd sur les financements alternatifs des Pme/Tpe camerounaises, mais ce problème concerne l’ensemble de la nation, et nous ne le dirons jamais assez car, si nous évoluons dans un état démocratique, la base de la démocratie c’est la liberté, et l’une des premières des libertés, c’est la recherche du bonheur qui passe par la réussite matérielle. La petite entreprise qui est au cœur de notre culture et rend possible cette réussite individuelle, doit être protégée et encouragée. C’est l’occasion ici au nom de l’assemblée générale d’Ecam, représentée par son président, de proposer l’érection du financement de la Pme/Tpe en Cause nationale.

Beaucoup de membres d’Ecam ne brillent pas leur solvabilité, pour ce qui est des cotisations. Qu’est ce qui est fait pour inverser la tendance?

Vous savez l’environnement socio-économique et même culturelle au Cameroun, met l’entrepreneur dans une posture d’urgence permanente, s’investir financièrement dans une organisation patronale c’est faire le pari d’un retour multiforme et dans le moyen-long-terme, ce qui pour le moment est mal-compris par l’entrepreneur au Cameroun qui comme je le disais est focalisé “bas-de-bilan” (et ce n’est pas toujours de sa faute), cette trésorerie n’est que la résultante de toutes les actions entreprises en amont, comme celle d’investir dans un mouvement qui l’accompagnerait par exemple pour son remboursement de crédit de Tva.

Ecam poursuit son œuvre de sensibilisation, et sa mutation en une véritable organisation éditrice de contenus (accompagnement-formation-Lobbying institutionnel…), mais cela ne se fera qu’avec l’implication de tous les membres, qu’avec la mutation des sympathisants en véritables adhérents, car ce sont ceux là même qui doivent aujourd’hui participer à la définition de l’offre qui leur est nécessaire, et non plus rester spectateur, laissant une minorité de “philanthropes”, que je tiens d’ailleurs à féliciter ici, supporter pour l’ensemble.

Je dois dire également que l’assemblée générale à d’ailleurs entériné une proposition de révision des barèmes de cotisations, en fonction des tailles, montants de chiffres d’affaires, et nombre de salariés, qui est fortement incitative pour les plus petites entreprises, le montant de la cotisation ne devrait donc plus être un obstacle.

Enfin, Ecam étant une organisation collective, chacun d’entre nous devrait se demander ce qu’il fait pour l’organisation avant d’en attendre de celle-ci, pour emprunter à J.F.Kennedy.

Dans l’agenda d’Ecam, il y a Pme exchange et d’autres évènements. Que faut-il en espérer? 

Ecam dans sa mission de soutien et d’accompagnement de la Pme/Tpe a inscrit dans son agenda, l’organisation du Forum Pme/Exchangevéritable salon de la Pme qui sera a sa troisième édition à la fin de cette année, en quatre année, ce salon offre une visibilité et des opportunités sans équivoques aux Pme les plus vulnérables, c’est également  l’occasion de mettre en relation l’offre et la demande de financements, de technologie etc., nous apporterons quelques innovations cette année, notamment en mettant à l’honneur un pays frère et partenaire, avec qui nous sommes en discussion. Les innovations concerneront d’autres articulations du salon, que vous découvrirez le moment venu.

Ecam également, dans son partenariat avec la Cgpme France, a lancé il ya quelques semaines déjà un appel à candidatures, pour une participation au salon -planète Pme à Paris, du 17 au 18 Juin 2014, si nous avons enregistré quelques manifestations d’intérêt, nous irons à Paris avec trois Pme camerounaises, qui présenterons leur savoir-faire, rencontrerons des partenaires financiers et techniques, des cinq continents, je pourrais également évoquer l’action que Ecam mène en direction des Pme dans le cadre de la Bourse de la sous-traitance et du partenariat ( Bstp), en accompagnant des Pme de son portefeuille, dans « l’opération Benchmarking ». De la part d’Ecam, on peut donc espérer lorsqu’on est une Pme au minimum une écoute active.

Propos recueillis par Georges Alain Boyomo pour le quotidien « Mutations »